Pendant que les communautés riveraines des mines de Ruski Aumini (RUSAL) à Kindia applaudissent le retour de leur couvert végétal, celles de Kintinian (préfecture de Siguiri) pleurent la disparition de leurs rivières à côté de l’exploitation minière de la Société Aurifère de Guinée (SAG).
Dans les deux cas c’est un débat qui tourne autour de la réhabilitation de l’environnement dégradé par les exploitations minières.
Malgré l’obligation du Code minier guinéen sur les entreprises exerçant des activités causant des impacts sur l’environnement, des excavations minières déjà exploitées sont encore ouvertes dans plusieurs zones minières du pays.
L’article 144 aliéna 1 du Code minier guinéen révisé en 2013 stipule :
“Tout titulaire d’un permis d’exploitation de mine, de carrière ou d’une concession minière est ténu d’ouvrir et d’alimenter, en concordance avec son plan de gestion environnementale et sociale, un compte fiduciaire de réhabilitation de l’environnement afin de garantir la réhabilitation et la fermeture de son site d’exploitation”.
C’est une loi qui, d’après certaines communautés riveraines, n’est pas respectée dans certaines localités minières de la Guinée, notamment à Kintinian, une sous-préfecture de Siguiri au Nord-est du pays, où est installée la société Anglogold ashanti de Guinée (SAG), une filiale du sud africain Anglogold Ashanti.
Les activités de Kintinian sont plus dégradantes que restaurants
La course à la conquête de l’Or a fini par détruire le couvert végétal de l’environnement à Kintinian.
Selon Sékou 2 Diallo, ingénieur Eaux et Forêts basé dans la localité, les activités menées par la SAG et même par les communautés dans la recherche de l’or, sont plus dégradantes que restaurants.
«Tout le monde court vers les mines, la zone de Bouré est devenue aride par les conséquences de l’utilisation des pompes électriques par la SAG. Ces pompes descendent à des dizaines de mètres en profondeur jusqu’au niveau des nappes phréatiques pour pomper l’eau. Ces pompes aspirent complètement l’eau du sol, créent même parfois des affaissements.
L’eau est l’une des matières principales dans l’extraction de l’or, sans laquelle la pierre ne sera pas extraite», explique Sékou 2 Diallo.
“Siguiri est signalé, depuis des années, être la porte d’entrée du désert en Guinée”, rappelle cet ingénieur des Eaux et Forêts.
Plus de terres cultivables dans le Bouré
C’est dans l’exploitation artisanale de l’or que la jeunesse de Bouré gaspille davantage son énergie. La population étrangères, notamment burkinabè, ghanéens, maliens, soudanais, sierra léonais, ivoiriens et locale rivalisent dans la destruction des cours d’eau dans leur processus d’extraction de l’or. Des centaines de groupes électrogènes (motopompes) branchés dans la rivière ronronnent à vous casser le tympan, ainsi que les engins industriels de la SAG.
Les concasseurs craquent les minerais les plus résistants et les tapis séquestrent l’or coulé dans une boue rouge avide d’eau de rivière.
Le doyen de Kintinian Issiaga Camara témoigne, que dans les 31 villages qui composent le Bouré, aucun n’a actuellement une terre cultivable, de Fatöyah à Bouariyah jusqu’à Balatö, Kofilani, tout est détruite par l’exploitation minière.
«Autrefois, les terres qui nous servaient pour l’agriculture sont toutes occupées et détruites par les activités minières de la SAG et l’orpaillage artisanal. Aujourd’hui, même ton enfant ici, tu n’oses pas lui parler de l’agriculture non seulement il n’y a pas où cultiver, mais les jeunes aussi ne s’intéressent qu’à l’or seulement» regrette le doyen Issiaga Camara.
La pression et l’extension des activités minières tarissent les rivières et rendent les sols arides
Dans cette zone pas d’autres activités qui rivalisent l’extraction industrielle et artisanale de l’or. La localité n’a plus de couvert végétal, des rivières qui servaient autrefois les communautés ont, par endroits, taries ou disparues sous la pression des activités minières.
L’ingénieur des Eaux et Forêts, Sékou 2 Diallo affirme, que «la SAG cause trop de torts à l’environnement dans la zone de Bouré. Ici une autre activité n’est pas possible à part l’orpaillage artisanal et industriel qui a fini, aujourd’hui, par détruire toute la faune et la flore de Kintinian, et dans la zone du Bouré».
Fermée les carrières exploitées est une obligation du Code de l’Environnement sur les sociétés minières
Le Code de l’Environnement guinéen, dans son volet de restauration, oblige toutes les entreprises qui exercent des activités touchant l’environnement, de fermer les sites déjà exploités à travers le reboisement. Alors à Kintinian et dans le Bouré en général, des excavations déjà exploitées sont encore ouvertes.
Tandis qu’à Kindia, Rusal a reboisé des centaines d’hectares qu’elle avait détruites à travers l’exploitation de la Bauxite.
«Chaque année nous reboisons des centaines d’hectares et chaque hectare coûte au moins 12 milles dollars» explique le chargé des Activités de Réhabilitation Environnementale à Rusal, El hadj Algassimou Diallo. Il indique, que l’activité de restauration est pour eux et comme pour toute société minière, une obligation consacrée par le Code minier. «C’est pourquoi, au fur et à mesure que nous évoluons, nous ramenons la faune et la flore détruites par le projet.
Pourquoi des excavations exploitées de la SAG sont toujours ouvertes?
Mes tentatives pour recouper ces informations auprès de la SAG sont restées vaines. Elle a toujours demandé l’autorisation du Ministère des Mines et de la Géologie (MMG). A ce niveau également, les services censés répondre à nos préoccupations nous ont renvoyé vers le Bureau Guinéen d’Etudes et d’Evaluations Environnementales (BGEEE).
Et là, j’ai compris que les entreprises payent des taxes pour la restauration du couvert végétal qu’elles détruisent à travers leurs activités d’exploitation, mais qui doit réhabiliter- les sociétés exploitantes, l’Etat, les communautés impactées ou les ONG- ?
Comment sont d’ailleurs gérés les fonds que les sociétés payent au Fonds de Sauvegarde de l’Environnement (FSE), qui se charge de ces questions ?
Chaque société paye 3% du budget global du projet au FSE pour la restauration des zones qu’elle dégrade, et ces fonds doivent être destinés à financer les ONG pour réhabiliter les sites. Ce fonds est domicilié à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Toutes les tentatives de comprendre les orientations ou la gestion de ces fonds ont échoué au niveau du FSE, un service très fermé à la presse.
Le BGEEE, créé en 2013, est un service qui valide le plan de gestion environnemental et social des sociétés et délivre le certificat de conformité renouvelable un an (Articles 82 et 83 du Code de l’Environnement guinéen). Ceci est un passage obligé pour tout projet de développement devant entreprendre une activité touchant l’environnement en Guinée.
Son directeur général, Sidiki Condé déclare, que «l’étude d’impact environnemental et social qu’effectue le BGEEE est un outil à la décision qui vise à éviter et à minimiser les impacts environnementaux et sociaux potentiels et à rehausser la qualité globale du projet».
Fort malheureusement le constat est tout autre dans la zone de Bouré à Kintinian
Qu’est ce qui se passe dans cette localité aurifère par excellence ? Tout semble être contre tout à cause de la course à la conquête de l’Or. C’est-à-dire, même la communauté détruit l’environnement par l’extraction artisanale de l’or.
La nature de Siguiri appauvrie à cause de ses ressources du sous-sol
Siguiri c’est le résumé démographique de la Guinée, où les opérations artisanales font du mal. Des milliers de populations étrangères vivent à Kintinian et excellent dans le crime contre la nature déjà appauvrie par le manque de reboisement.
Les activités minières tuent les espèces aquatiques à Kintinian
L’extension et la pression des activités de la SAG sur l’environnement ont détruit la faune et la flore de la zone de Bouré et même l’environnement aquatique, dénonce Sékou 2 Diallo
Des excavations ouvertes, des forêts détruites non restaurées, des rivières et mêmes des poissons morts, tués par l’effet de cyanure que la SAG utilise dans l’extraction de l’or. “Le cyanure qu’utilise la SAG tue les poissons dans les rivières. Ici tout le monde est destructeur, communautés comme société industrielle”, a dénoncé l’ingénieur Sékou 2 Diallo.
Ces décapages non restaurées encore s’étendent, aujourd’hui, sur des milliers d’hectares de superficie réutilisée par les communautés riveraines pour l’orpaillage traditionnel.
Contrairement à Kintinian, à Kindia, sur le site de Rusal, là les sites sont restaurés au fur et à mesure que la compagnie fait l’extension. Et à ce jour, les forêts, autrefois détruites, commencent bien à se former autour de cette mine.
PAR AGP