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Guinée : témoignage des victimes au procès du massacre du 28 septembre 2009

Conakry, Paris, Le 28 février 2023. Cinq mois jour pour jour après son ouverture, le procès sur les événements du 28 septembre 2009 bat son plein en Guinée. Depuis le 14 février 2023, la parole est aux victimes constituées parties civiles. Cette étape essentielle dans leur quête de justice doit se dérouler dans le respect des règles de procédure jusqu’ici observées. La sécurité, l’accessibilité et l’inclusion des victimes restent un enjeu majeur de ce procès.

Après plus de 40 audiences tenues, le procès du massacre du 28 septembre 2009 – et des événements des jours qui ont suivi – se poursuit dans le palais de justice du tribunal criminel de Dixinn à Conakry.

La phase d’audition des 11 accusés renvoyés devant ce tribunal criminel s’est terminée le lundi 13 février 2023. Leurs auditions et interrogatoires ont duré plus de quatre mois.

La phase d’audition des victimes a débuté le 14 février 2023 et cinq victimes ont été auditionnées au mois de février. La première audience s’est tenue publiquement, tandis que les quatre suivantes ont été réalisées à huis clos, à la demande des victimes et par l’intermédiaire de leurs avocat⋅es. À la barre, elles relatent en détails le déroulement des faits intervenus au stade de Conakry le 28 septembre 2009 et les jours suivants, au moment où leur vie a basculé.
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH) et l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009 (Avipa), parties civiles au procès, poursuivent leur mobilisation aux côtés des plus de 600 victimes qu’elles accompagnent depuis près de 13 ans.

« Pour relever ce défi, les autorités judiciaires guinéennes doivent s’assurer que le procès se déroule dans le respect des règles et normes internationales », ajoute Alice Mogwe. Pour Asmaou Diallo, présidente de l’Avipa : « les victimes sont présentes, déterminées à témoigner et à œuvrer pour la manifestation de la vérité ».

« Les partenaires internationaux de la Guinée déjà mobilisés sur l’affaire du 28 septembre doivent redoubler d’efforts pour accompagner les juridictions nationales pendant toute la durée du procès », souligne Souleymane Bah, président de l’OGDH.

Les trois organisations parties civiles renouvellent leur appel à ce que des dispositions particulières soient prises, en concertation avec elles, leurs avocat⋅es et la société civile, afin de garantir la sécurité et le bien-être des parties civiles, dont la majorité se trouve dans un état de vulnérabilité. Ces dispositions doivent garantir leur participation effective, ainsi que la tenue sereine des débats tout au long du procès.

FIDH

Le procès du massacre du stade de Guinée se poursuit

Après l’audition des accusés, les victimes témoignent à la barre.

Cette semaine, la première grande phase du procès historique en Guinée des crimes commis lors du massacre du stade de Conakry en 2009 s’est achevée.

Le procès – qui se déroule devant un panel de trois juges dans la capitale, Conakry – porte sur l’un des incidents les plus brutaux de l’histoire du pays. Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité guinéennes ont ouvert le feu sur des manifestants pacifiques lors d’un rassemblement pro-démocratie, faisant plus de 150 morts. Les forces de sécurité ont violé – dans certains cas lors de viols collectifs – plus de 100 femmes, dont certaines avaient été préalablement délogées des endroits où elles s’étaient cachées. Les enquêtes de Human Rights Watch ont révélé que les forces de sécurité ont dissimulé ces crimes, en fermant les entrées du stade et des morgues et en déplaçant les corps vers des fosses communes.

Longtemps différé, le procès a débuté le 28 septembre 2022, date du 13ème anniversaire du massacre. Les 11 accusés – parmi lesquels se trouvent d’anciens ministres et un ancien président – se sont présentés devant le tribunal et ont plaidé non coupable. Les victimes et leurs familles présentes à l’audience regardaient depuis les tribunes alors que d’autres suivaient de près les débats à la télévision.

Depuis cette date, le tribunal a en moyenne tenu trois sessions par semaine. Comme cela est courant dans les pays dotés d’un système juridique de droit civil, la première phase a vu les juges et les différentes parties interroger chaque accusé. Certains accusés ont rejeté la faute sur les autres, tandis que plusieurs d’entre eux ont expliqué qu’ils n’étaient pas présents ou n’étaient pas détenteurs de l’autorité nécessaire au moment où les crimes ont été commis.

La phase suivante du procès, qui a débuté le 14 février, a donné aux victimes l’occasion d’être entendues. Des centaines de victimes se sont jointes à l’affaire en tant que parties civiles – une particularité des systèmes de droit civil qui permet aux victimes, par l’intermédiaire de leurs avocats, d’examiner le dossier, d’interroger les témoins et de présenter des arguments devant les juges.

Le procès est diffusé en direct quotidiennement à la télévision guinéenne et est également disponible sur YouTube. Les audiences sont largement suivies et débattues, et un diplomate a décrit le procès comme un moment « captivant pour la nation ». Il suffit de lire le flux de commentaires postés au fur et à mesure de la diffusion sur YouTube pour se rendre compte de l’attention accordée au procès.

Le procès est important non seulement pour la Guinée, mais aussi pour d’autres pays qui pourraient envisager de juger des crimes d’atrocité. En Guinée et ailleurs, les victimes et les activistes des droits humains suivent avec attention le déroulement des audiences, en espérant que justice sera rendue de manière crédible dans ce type de procès encore trop rare à l’échelle nationale. 

HRW

Au procès du 28-Septembre en Guinée, l’anonymat brisé d’une victime

Au procès du massacre du grand stade de Conakry, le tribunal poursuit l’audition des parties civiles. Une femme a été appelée à la barre ce mercredi matin. Elle affirme avoir été victime de viol et a demandé le huis-clos pour être auditionnée.

Avec notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal

Dans ce procès à l’organisation presque irréprochable, il y a eu ce mercredi matin un moment de flottement lorsqu’une victime de viol a refusé de parler en public, devant toutes les caméras du pays. « Lorsque les poursuites sont exercées du chef de viol ou de torture, le huis clos est de droit si la victime partie civile le demande », argumente une avocate des parties civiles.

Le président lance le débat. Les avocats de la défense prennent la parole et argumentent en faveur de la publicité de cette audience. « Les médias en ont besoin. L’opinion nationale et internationale regarde ce procès avec intérêt », fait valoir l’un d’eux. Le président demande à la victime de se présenter à la barre. « Même si on ne débat pas au fond, il faudrait qu’elle comparaisse à l’audience », explique-t-il.

Madame C. s’avance. « Que la presse détourne les caméras jusqu’à la décision du tribunal », réclame le président. Mais la scène a été filmée par les caméras de télévision. Le visage de la victime est désormais connu de tous. Le président a finalement ordonné le huis-clos. Journalistes et public ont alors été invités à quitter la salle. Le procès doit reprendre lundi prochain.

RFI

Procès dans l’affaire du massacre du 28 septembre : le dernier des accusés comparaît devant le tribunal

En Guinée, le procès des accusés dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009, qui a débuté il y a quatre mois à Conakry, touche à sa fin.

Ce mardi 7 février 2023, le dernier de la liste des prévenus a été convoqué devant un banc du tribunal correctionnel de Dixinne, qui a été renvoyé devant la Cour d’appel de Conakry.

Il s’appelle Paul Mansa Guilavogui. Contrairement aux accusés précédents, cet accusé a fait sa déposition dans la langue locale, le Soussou, par l’intermédiaire d’un interprète. Il a également nié la charge de la preuve placée sur l’accusation.

Procès du 28-Septembre en Guinée: le colonel Goumou affirme n’avoir joué aucun rôle

En Guinée, le procès des massacres du 28 septembre 2009 à Conakry se poursuit. Mardi 31 janvier, le colonel Blaise Goumou a été appelé pour la quatrième fois à la barre. Cet officier de gendarmerie et ancien procureur militaire fait face aux avocats des parties civiles. Ceux-ci se relaient pour tenter de confondre cet ancien membre des services spéciaux, brigade chargée de la lutte contre le grand banditisme, de la drogue et du crime organisé.

La version des faits déroulée mardi par le colonel Goumou, appelé pour la quatrième fois à la barre, charge lourdement le commandant Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, et ses hommes qui, selon lui, ont tiré en l’air dès leur arrivée dans l’enceinte du stade. L’ancien procureur militaire affirme avoir quitté les lieux à ce moment-là. À la barre, il explique n’avoir vu ni femmes blessées, ni femmes violées, des déclarations qui ont provoqué la colère dans la salle.

Le colonel Goumou soutient qu’il n’a joué aucun rôle dans ce qui s’est passé. Il affirme par ailleurs n’avoir vu au stade ni le colonel Moussa Tiegboro Camara, le patron des gendarmes chargés des services spéciaux, unité dont lui-même relève, ni le bouillant capitaine Marcel Guilavogui, pur produit du capitaine Dadis Camara, ni encore le colonel Zegbéla Togba Pivi. Ces trois officiers sont des très proches de l’ex-chef de la junte.

Répondant aux déclarations du colonel Goumou, un avocat des parties civiles a martelé : « en disant que vous n’avez rien vu, je vous apprends qu’il n’y a plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ».

RFI

Guinée : l’ex-dictateur Camara dit avoir été écarté du pouvoir par un «complot»

L’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camaraa affirmé mardi 24 janvier avoir été écarté du pouvoir par un «complot international» impliquant ses deux successeurs et l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré, au procès du massacre du stade de Conakry le 28 septembre 2009.

Le capitaine Camara et un groupe d’officiers s’étaient emparés du pouvoir le 23 décembre 2008 après l’annonce de la mort du président Lansana Conté.

Procès en cours

Il est jugé depuis le 28 septembre avec une dizaine d’anciens responsables militaires et gouvernementaux pour une litanie de meurtres, actes de torture, viols et autres enlèvements commis le 28 septembre 2009 par les forces de sécurité au stade où s’étaient réunis des dizaines de milliers de sympathisants de l’opposition pour dissuader le capitaine Camara de se présenter à la présidentielle prévue en janvier 2010.

Le 3 décembre 2009, son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias «Toumba», lui tire dans la tête parce qu’il aurait tenté de lui faire porter la responsabilité du massacre. Il est évacué vers le Maroc puis au Burkina Faso où, en janvier 2010, sur médiation ouest-africaine, il renonce, selon cette dernière, à gouverner.

«Nous avons signé un accord, à Ouagadougou, Sékouba Konaté (ministre de la Défense et vice-président de la junte) et moi, qui stipulait qu’il doit gérer le pouvoir politique en Guinée en tant qu’intérimaire jusqu’à la fin de ma convalescence à Ouagadougou», a affirmé le capitaine Camara mardi au tribunal.

«Faux accord» et complot

«Mais j’ai compris après que c’était un faux accord que nous avons signé sous les auspices de Blaise Comparé président de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et médiateur dans la crise guinéenne», a-t-il ajouté, en référence au chef de l’État burkinabé de l’époque.

«C’était un complot national et international contre moi qui permettait à Sékouba Konaté de donner le pouvoir à son mentor Alpha Condé», a-t-il dit, en référence à l’opposant historique Alpha Condé, vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 organisée sous la présidence de transition du général Konaté.

«C’était pour me maintenir en dehors du pays aussi longtemps que le président élu devait rester au pouvoir (avec ce) complot savamment orchestré par Alpha Condé et exécuté par Sékouba Konaté et Toumba Diakité», a insisté M. Camara. Lors de sa première audition par le tribunal en décembre, il avait déjà crié au «complot» et incriminé son ancien aide de camp dans le massacre.

Au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines blessées, au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête mandatée par l’ONU.

par AFP

Qui est vraiment Ibrahima Sory 2 Tounkara, le juge du procès Dadis

Ibrahima Sori 2 Tunkara préside une audience dans le massacre du stade de Conakry le 28 septembre 2009. Qui est ce juge Dadis Camara, encore peu connu du public ?

Ibrahima Sori 2 Tunkara est sous le feu des projecteurs depuis le début du procès du massacre du stade le 28 septembre 2009. Onze anciens anciens chefs militaires guinéens ont été impliqués dans ce procès historique, dont l’ancien chef de la junte Moussa Dadis Camara. Il implique des responsables militaires et gouvernementaux. L’audience s’est déroulée au tribunal correctionnel de Diksinna, qui a été transféré à la cour d’appel de Conakry, présidée par le juge Ibrahima Sori 2 Tunkara, 45 ans, et a attiré l’attention de plusieurs observateurs.

Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences sociales en 1998 au lycée 2 octobre de Calum, il a été introduit à la Faculté des sciences économiques et juridiques (FSJP) de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, rapporte apanews. Spécialisé en droit privé, il a été admis au concours du Centre de formation et de documentation judiciaires (CFDJ) après avoir successivement confirmé le diplôme d’enseignement universitaire général (Deug), la licence et le master.

« Après avoir suivi une formation de promotion au CFDJ de 2007 à 2009, il a été nommé juge correctionnel alternativement au tribunal de première instance de Calum et au tribunal de première instance de Mafanko dans la capitale de la Guinée. Il a dirigé ces tribunaux jusqu’en 1999 et après cette expérience il a été appelé à présider le tribunal. Tribunal de première instance de Macenta (Sud) avant d’être déféré au Tribunal de première instance de Mamou (Centre)”, selon le site d’information en ligne.

Veuillez noter qu’Ibrahima Sori 2 Tunkara est le frère cadet d’Ibrahima Sori 1 Tunkara, qui est également magistrat et président du tribunal de première instance de la commune de Kalum à Conakry.

Massacre du 28 septembre 2009 : la charge du colonel Bienvenu Lamah abandonnée

En novembre dernier, dans le cadre d’une nouvelle enquête sur le massacre du 28 septembre 2009, Abubakar Sidiki Diakite de Toumba, l’un des suspects de ces événements malheureux, a été inculpé et emprisonné après avoir témoigné dans une rizière. Le Centre (Forécariah) a bénéficié de l’abandon des poursuites et d’une ordonnance de libération immédiate hier mardi.

« Il existe encore dans ce pays des Magistrats indépendants et courageux qui ne s’attachent qu’à la loi, rien que la loi. Bravo à l’équipe de défense du #Colonel_Bienvenu_Lamah pour l’annulation de son inculpation et de sa remise en liberté immédiate », s’est réjoui Me Pépé Lama, avocat du capitaine Moussa Dadis Camara, ex-chef de la junte guinéenne de 2008 à 2009.

Rappelons que le colonel Bienvenu Lamah, actuellement commandant de la gendarmerie locale de Conakry, a invoqué en 2015 l’arrêté de non-lieu du 28 septembre 2009 dans cette affaire.

Procès 28 septembre en Guinée: Dadis Camara prêt à demander pardon si….

En Guinée, le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal criminel de Dixinn. Moussa Dadis Camara qui comparaissait pour la quatrième fois hier lundi 19 décembre n’a pas reconnu son implication dans ces massacres. « Je n’ai jamais envoyé des éléments au stade du 28 septembre » a catégoriquement nié l’ancien président de la transition guinéenne. Il explique que la gendarmerie et la police ont une mission régalienne de maintien de l’ordre et son intention n’a jamais été d’envoyer des troupes à ce moment-là dans l’enceinte sportive. Dadis Camara estime que les vrais commanditaires de ces actes doivent demander des excuses. L’ex-chef de la junte guinéenne répondait ainsi à Toumba Diakité qui lui demandait de faire amende honorable et de s’excuser auprès du peuple guinéen.

« Ceux qui ont commis les actes, qu’ils les reconnaissent d’abord »

« J’ai dit clairement, ceux qui ont commis les actes, qu’ils les reconnaissent d’abord. Une fois qu’ils reconnaissent leurs actes, je serai le premier à demander pardon. Mais si ceux qui ont commis des actes ne veulent pas reconnaître, moi je vais venir demander pardon aux victimes ? » a-t-il lancé au juge. Rappelons que Toumba Diakité, a été son aide de camp. L’ancien chef de la junte guinéenne, espère être acquitté au terme de ce procès. Avec ce dénouement en sa faveur, il ne rechignera pas à demander pardon aux victimes. « Je respecte la mémoire des victimes et je suis prêt ; lorsque monsieur le président, la sentence va tomber, si je suis acquitté et j’estime que je serai acquitté, je serai le premier à demander pardon aux victimes mais il faut que la justice soit faite d’abord » a déclaré Dadis Camara. L’homme est persuadé que ces massacres ont été « savamment orchestrés pour l’évincer du pouvoir ».

par Kewoulo

Procès du 28-Septembre en Guinée : Moussa Dadis Camara perd son calme puis se mure dans le silence

En Guinée, Moussa Dadis Camara a comparu devant la justice pour la cinquième fois mardi 20 décembre. L’ancien chef d’État est l’un des principaux accusés dans les tueries du 28 septembre 2009, lorsqu’un meeting de l’opposition a été écrasé dans le sang, tuant plus de 150 personnes et plus d’une centaine de femmes ont été violées. La parole était aujourd’hui aux parties civiles et les échanges ont été très vifs.