Deux opposants guinéens ont entamé une grève de faim pour protester contre leur détention « illégale prolongée sans jugement », selon la coalition de l’opposition, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC, dissous).
Oumar Sylla, alias Fonikè Manguè, coordinateur du Front national pour la défense de la constitution (FNDC, dissous) et Ibrahima Diallo, responsable des opérations, ont commencé ce lundi, une grève de faim. L’annonce a été faite par leur coalition, le FNDC. Dans sa déclaration, le FNDC précise que par cette grève, les deux membres entendent protester contre leur détention « illégale prolongée sans jugement et exigent l’organisation d’un procès juste et équitable dans les meilleurs délais ».
« L’arrestation d’Oumar Sylla et Ibrahima Diallo, ainsi que le harcèlement des activistes du FNDC par le CNRD, compromet la mise en place et la réussite de ce processus de médiation », a souligné la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans une déclaration publiée le 1er août, soit quelques jours, après l’arrestation des deux opposants.
La Guinée de Mamadi Doumbouya a été secouée par de nombreuses manifestations du FNDC, une coalition composée de partis, syndicats et organisations de la société civile guinéenne, contre la junte militaire au pouvoir. La coalition exige notamment des actions concrètes et un chronogramme raisonnable pour le retour au pouvoir des civils le plus rapidement possible. Des manifestants ont été arrêtés lors des mobilisations sur ordre des autorités et des poursuites ont été entamées.
Dans la banlieue de la capitale Conakry partiellement paralysée, des dizaines de jeunes ont affronté les forces de sécurité.
Des affrontements ont mis aux prises des dizaines de jeunes Guinéens et les forces de sécurité mercredi 17 août dans la banlieue de Conakry, partiellement paralysée à la suite d’un appel à manifester contre la junte au pouvoir depuis un an, a constaté un correspondant de l’AFP.
Les groupes de jeunes ont affronté à coups de pierres les policiers et les gendarmes sur la route Le Prince, axe traversant la banlieue de la capitale et théâtre fréquent de telles confrontations. Les forces de sécurité ont riposté avec des gaz lacrymogènes.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, avait appelé à se mobiliser pacifiquement malgré l’interdiction de toute manifestation édictée le 13 mai par la junte et la décision de cette dernière de dissoudre le collectif la semaine passée.
Le FNDC a orchestré de 2019 à 2021 des mois de la mobilisation contre un troisième mandat présidentiel d’Alpha Condé (2010-2020), finalement renversé le 5 septembre 2021 par le colonel Mamady Doumbouya. Le FNDC porte à présent la voix de la protestation contre la junte, l’opposition étant considérablement affaiblie.
Confiscation du pouvoir par les militaires
Le FNDC réclame le retour à l’ordre constitutionnel et dénonce une confiscation du pouvoir par les militaires. Le Front avait été à l’initiative de deux jours de manifestations les 28 et 29 juillet, interdites par les autorités et dans lesquelles cinq personnes avaient été tuées.
Les autorités ont déployé gendarmes et policiers en nombre. Différents quartiers de la banlieue donnaient l’apparence d’une ville morte dans la matinée. De nombreux commerces et les grands marchés sont restés fermés dans la crainte de violences.
Les policiers ont dispersé une tentative de rassemblement de jeunes arborant le logo et les couleurs du FNDC à Dixinn, dans la proche banlieue, a constaté le correspondant de l’AFP. Deux des leaders du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Mangué et Ibrahima Diallo, sont détenus depuis les manifestations de fin juillet.
Ces nouvelles crispations surviennent alors que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a annoncé la visite dimanche à Conakry de son médiateur dans la crise guinéenne, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi.
Le colonel Mamady Doumbouya, désormais intronisé président, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Mais l’opposition et la Cedeao veulent une transition plus courte. Les partis politiques et la société civile font de plus en plus entendre leur voix contre la répression des libertés et l’instrumentalisation de la justice par les autorités.
Des centaines de partisans d’un collectif contestataire en Guinée ont manifesté dimanche devant les bâtiments de l’Union européenne pour protester contre la dissolution de ce mouvement par la junte au pouvoir à Conakry, a constaté un journaliste de l’AFP.
Ce rassemblement avait été organisé par le collectif dissous en Guinée, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile. Il s’oppose depuis plusieurs mois à la junte au pouvoir après avoir été le fer de lance de la contestation contre l’ex-président Condé (2010-2021).
Le Front a notamment été à l’initiative des manifestations organisées les 28 et 29 juillet, interdites par les autorités et où cinq personnes ont été tuées, pour dénoncer la “gestion unilatérale de la transition” par la junte. La junte avait annoncé en début de semaine dernière sa dissolution. Mais le FNDC avait très vite dénoncé une “décision illégale, sans fondement et arbitraire“, maintenant une manifestation prévue le 17 août en Guinée.
“La patrie ou la mort“
“La patrie ou la mort” ont lancé les organisateurs de la manifestation à Bruxelles, surveillée par quelques policiers belges. Les opposants ont demandé le départ du colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre 2021 Alpha Condé.
“On va essayer de dire ici aux autorités que non, ça ne va pas en Guinée, non il y a une trahison. Ils (les membres de la junte) ne viennent pas pour la démocratie, ils viennent pour confisquer le pouvoir et même la liberté des personnes“, a souligné Naby Laye Camara, un des manifestants. “Le FNDC ne peut pas disparaître, c’est clair. C’est pas possible. Il faut des mouvements comme ça, il faut les partis politiques, il faut un contre-pouvoir, n’est-ce pas ?“, a-t-il assuré.
Le gouvernement guinéen annonce ce 9 août avoir dissout le Front national de la défense de la Constitution (FNDC). Cet important collectif s’oppose depuis plusieurs mois à la junte au pouvoir en Guinée et a été le fer de lance de la contestation contre l’ex-président Condé (2010-2021).
“Le groupement de fait dit Front national de la défense de la Constitution est dissous” et “le présent arrêté (…) prend effet à compter de sa date de signature”, dit le document signé par Mory Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation le 6 août.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, a notamment été à l’initiative des manifestations organisées les 28 et 29 juillet, interdites par les autorités et où cinq personnes ont été tuées, pour dénoncer la “gestion unilatérale de la transition” par la junte.
L’annonce de la dissolution a fuité le 8 août dans la soirée sur les réseaux sociaux à la suite d’un nouvel appel à manifester du FNDC le 17 août sur l’ensemble du territoire guinéen pour dénoncer l’absence de “dialogue crédible” entre la junte, les partis politiques et la société civile.
“Leur mode opératoire se structure par des actions violentes au cours de manifestations interdites, des attaques contre des individus qui ne partagent pas leur idéologie, et des actions ciblées contre les forces de l’ordre“, a affirmé le gouvernement dans cet arrêté daté de samedi 6 août et authentifié ce mardi par l’AFP.
“Ce groupement de fait (…) provoque des manifestations armées sur les voies et lieux publiques, ayant les agissements d’un groupement de combats et de milices privées”, poursuit-il.
Ce collectif “mettant en péril l’unité nationale, la paix publique et le vivre ensemble, ne figure pas sur la liste des ONG en Guinée, ni sur la liste des collectifs d’association (…) et encore moins dans le répertoire des ONG agréées en République de Guinée”, complète le ministre Mory Condé.
“Pas concernés”
“Nous ne commentons pas cet arrêté du ministre, nous ne nous sentons pas concernés”, a réagi auprès de l’AFP Abdoulaye Oumou Sow, chargé de communication du collectif.
“Pour nous, s’inscrire dans une logique de la confiscation des libertés des citoyens ou faire taire toutes les voix dissonantes ne fera que compliquer davantage la situation”, a réagi l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), qui se dit “très préoccupée” par “la tournure des événements”.
Deux des leaders du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Mangué et Ibrahima Diallo, sont détenus depuis les dernières manifestations à la prison civile de Conakry après avoir été inculpés de “participation à un attroupement interdit, de pillages, de destruction de biens publics et privés, de coups et blessures volontaires”.
Le collectif avait suspendu ses mouvements de contestation pour une semaine, dont celui prévu dans tout le pays le 4 août, “à la demande expresse” du chef de l’État bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Cette trêve avait pour “unique objectif de donner une chance à la médiation de la Cédéao pour trouver une issue favorable à la crise en Guinée”, avait dit le FNDC.
Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre dernier le président guinéen Alpha Condé au pouvoir depuis 2010, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.
“Gestion unilatérale”
La Cédéao a ainsi appelé le 1er août “les autorités guinéennes, la classe politique et la société civile à engager un dialogue inclusif afin de désamorcer la tension et de convenir d’un calendrier et de modalités raisonnables pour le rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel”.
Mais la junte refuse “de répondre aux nombreux appels au dialogue sur la transition”, a dénoncé le 8 août le FNDC dans un communiqué critiquant également “l’attitude de défiance chronique” du pouvoir guinéen vis-à-vis de la Cédéao, sa “gestion unilatérale et autoritaire de la transition” et “l’usage illégal d’armes létales dans la gestion des manifestations”.
Outre l’ouverture d’un “dialogue crédible” avec les acteurs politiques et la société civile et la fixation d’un délai raisonnable et consensuel sur la durée de la transition, le FNDC exige de la junte la libération sans condition de tous ses militants arrêtés lors des dernières manifestations.
Début juillet, l’interpellation musclée et la détention de trois leaders de ce collectif avaient provoqué de violents heurts entre des groupes de jeunes et les forces de l’ordre.
Umaro Sissoco Embalo a assuré fin juillet avoir convaincu la junte d’accélérer le retour à la démocratie de trois à deux ans, une information qui n’a pas été confirmée par les autorités guinéennes.
Le collectif a appelé ce lundi à une nouvelle manifestation contre la junte le 17 août en Guinée, mettant fin à une trêve faute de réponses à ses demandes de «dialogue crédible» sur la transition vers un pouvoir civil.
À Conakry, le collectif FNDC a appelé ce lundi 8 août à de nouvelles manifestations contre la junte le 14 août à Bruxelles en Belgique, pour interpeller l’Union européenne, et le 17 août sur toute l’étendue du territoire guinéen, mettant fin à une trêve, faute de réponses à ses demandes de « dialogue crédible » sur la transition vers un pouvoir civil.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, était à l’initiative des manifestations organisées les 28 et 29 juillet, interdites par les autorités et où cinq personnes ont été tuées, pour dénoncer la « gestion unilatérale de la transition » par la junte.
« Ces manifestations visent à exiger du CNRD la satisfaction des revendications ci-dessous, énumère Mamadou Billo Bah, le porte-parole du FNDC, au micro de notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah : l’ouverture d’un cadre de dialogue crédible entre le CNRD, les acteurs politiques et de la société civile; la fixation d’un délai raisonnable et consensuel de la durée de la transition, au lieu d’être en six mois imposé par le CNRD et qui ne repose sur aucune base objective; le respect des droits et libertés fondamentaux, au premier rang desquels le droit à la vie et l’annulation de la décision portant interdiction générale des manifestations pacifiques dans la rue et sur les places publiques; l’ouverture du procès des crimes de sang; la libération sans condition de tous les détenus politiques liés aux manifestations; l’arrêt des harcèlements judiciaires et des poursuites fantaisistes contre les acteurs politiques et de la société civile; l’ouverture d’une enquête indépendante placée sous l’égide des Nations unies afin de traduire devant les juridictions compétentes les auteurs et commanditaires des crimes et exactions perpétrées. »
Le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), dans la déclaration qui suit, lance un appel aux autorités de la transition guinéenne à mettre l’intérêt de la Guinée au-dessus de toute autre considération.
Un tribunal correctionnel de Conakry a relaxé vendredi trois leaders d’un collectif en Guinée poursuivis pour “outrage à magistrat”, après des déclarations visant le parquet et le Parlement de transition, dont l’arrestation a provoqué de violentes manifestations de protestation dans la capitale.
Les trois prévenus, jugés vendredi par le tribunal de Dixinn (banlieue de Conakry), sont membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition qui avait orchestré des mois de mobilisation de 2019 à 2021 contre l’ancien président Alpha Condé (2010-2021), renversé en septembre 2021 par une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya.
Le coordonnateur national du FNDC, Oumar Sylla dit Foniké Mengué, Mamadou Billo Bah et le rappeur Alpha Midiaou Bah dit Djanii Alfa, avaient été arrêtés mardi, puis “inculpés d’outrage à magistrat et injures publiques” et écroués jeudi.
Le tribunal déclare les trois prévenus “non coupables des fins d’injures publiques et d’outrage à magistrat, les renvoie des fins de la poursuite pour des faits non établis et ordonne leur relaxe pure et simple”, a dit le juge Ousmane Simakan, président du tribunal de Dixinn. Le parquet avait auparavant requis également une relaxe.
MM. Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah sont poursuivis pour avoir, sur les réseaux sociaux, “produit et diffusé par le biais d’un système informatique des propos injurieux contre le Conseil national de transition (CNT)”, le Parlement de transition mis en place par la junte, avait expliqué mardi le procureur de la cour d’appel de Conakry, Alphonse Richard Wright, sur une radio locale.
Le rappeur Djanii Alfa avait, lui, récemment critiqué des propos du président du CNT, avant d’être menacé d’arrestation par le procureur, selon sa défense. M. Sylla avait critiqué ces menaces présumées du procureur sur sa page Facebook.
Leur arrestation musclée a provoqué entre mardi et jeudi des manifestations à Conakry lors desquelles 17 policiers ont été blessés, selon la police.
Les trois hommes ont été violemment interpellés mardi par la police au siège de leur coalition, a constaté un journaliste de l’AFP. MM. Sylla et Bah ont été battus et leurs vêtements déchirés par des policiers.
Une grande partie de la classe politique a condamné leur arrestation et s’est indignée de la méthode.
Le chef de la junte, le colonel Doumbouya, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a rejeté le 3 juillet ce délai, lors d’une réunion à Accra, sans annoncer de nouvelles sanctions contre la Guinée, déjà suspendue des organes de l’organisation.