En Guinée, la campagne agricole 2023/2024 a été lancée le 27 mai dernier dans la préfecture de Dalaba par Mamoudou Barry, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage. Ce nouvel exercice devrait bénéficier d’une enveloppe de 1 900 milliards de francs guinéens (222 millions $) contre 800 milliards de francs guinéens un an plus tôt selon les détails fournis par le quotidien local Guineematin.com.
Durant ladite campagne, les autorités entendent mettre l’accent sur l’amélioration de l’accès à 5 facteurs essentiels au développement agricole que sont les intrants, les équipements, les financements, le conseil et les infrastructures de production.
Dans le cadre de cette stratégie, un volume de 70 000 tonnes d’engrais devrait être disponible à un prix subventionné pour les producteurs. De même, plus de 6 000 tonnes de semences de riz et de maïs ainsi que des semences de produits maraîchers et d’igname seront distribuées aux exploitants.
La 22e journée de Ligue 1 guinéenne a pris fin ce dimanche. Le Mano à mano se poursuit après la victoire des deux premiers au classement.
Les deux premiers au classement, le Horoya et le Hafia ont gagné. Au stade du 28 septembre, le champion en titre a battu Soar Académie sur le score de 2-0. Au stade Petit Sory de Nongo, Hafia FC longtemps acculé par le CIK, a fait la différence dans le dernier quart d’heure du match en l’emportant sur le score de 2-0. Avec ces deux résultats, le Horoya compte 42 points. A deux points des Matankas, on retrouve le Hafia FC (2è avec 40 points).
Le 3e match de la soirée s’est joué à Kankan. L’Ashanti GB a été tenue en échec par l’ASM Sangaredi (1-1). Par conséquent, l’équipe de Siguiri monte à la 9e place (28 points), tandis que l’ASM est toujours avant dernier avec 25 points.
Pour préparer la jeunesse du pays à l’avenir numérique, le gouvernement de la République de Guinée va miser sur la formation. Pour cela, il a mis sur pied un projet innovant, inédit en Afrique, qui développera à coup sûr l’économie numérique du pays.Le Premier ministre guinéen, Bernard Goumou (photo, au centre), a procédé le samedi 27 mai au lancement officiel des travaux de construction d’un futur village numérique dans la commune de Ratoma à Conakry.
Le @PM_Guinee Dr Bernard Goumou a posé la première pierre du Futur #Village#Numérique dans la commune de #Ratoma. Le projet vise à créer une génération de champions du numérique pour profiter de l'économie numérique mondiale d'ici 2030. Selon le Premier ministre, la maîtrise des… pic.twitter.com/93skUXEHNv
— Primature de la République de Guinée (@PrimatureGN) May 27, 2023
« Le village numérique de Guinée sera bien plus qu’une simple construction. C’est une vision de l’avenir de notre pays, une vision dans laquelle nous devenons une nation prospère et compétitive sur la scène internationale. Selon les instructions du chef de l’Etat, nous sommes donc déterminés à faire de la Guinée un acteur majeur dans la révolution numérique en Afrique », a déclaré le chef du gouvernement.
Le village numérique sera établi sur une superficie de 46 707,12 m2 et sera financé à hauteur de 14,6 millions de dollars par l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), l’Agence nationale du service universel des télécommunications et du numérique (ANSUTEN) et le Budget national de développement (BND).
Il comprendra quatre blocs pédagogiques et un administratif, une résidence de deux bâtiments pour étudiants, un amphithéâtre, une bibliothèque, une résidence des professeurs, un centre sportif, des constructions secondaires, des aménagements extérieurs et des voiries et réseaux divers (VRD) dans un délai d’exécution de 12 mois.Selon Alpha Bacar Barry, le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, initiateur du projet, le futur village numérique offrira une formation en continue en TIC allant du primaire jusqu’à l’université. Au-delà du pôle éducation numérique, le village aura également un pôle entrepreneuriat numérique et un autre pour la recherche et le développement.
Ce projet ambitieux et inédit en Afrique permettra de stimuler le développement du secteur numérique et de former une génération de talents guinéens capables de relever les défis de l’innovation technologique.L’objectif du gouvernement est de créer une génération de champions du numérique pour profiter de l’économie numérique mondiale d’ici 2030.Samira Njoya
Les évènements du 28 septembre 2009 ont fait 157 morts, des centaines de femmes violées et des milliers de blessés.
Neuf mois après l’ouverture du procès du massacre du 28 septembre, les avocats des deux parties ont décidé de suspendre leur participation à compter de ce 29 mai 2023.Dans une déclaration faite le 17 mai, la défense et la partie civile ont attiré l’attention du ministre de la justice face à leur condition de travail dans ce procès.
Dans leur requête, les avocats exigent le paiement de leurs honoraires et une amélioration de leurs conditions de travail conformément aux dispositions de l’article 12 alinéas 1 et 2 de la Loi ordinaire 1/2022/012/CNT du 23 septembre 2022 portant aide juridictionnelle. Les robes noires avaient menacé de boycotter les audiences si leurs doléances n’étaient pas satisfaites par les autorités de la transition.
« Nous sommes au regret de vous informer de la suspension de notre participation au déroulement du procés des évènements du 28 septembre 2009. Cette décision est consécutive à l’insatisfaction de nos revendications consignées dans la lettre en date du 17 mai 2023, adressée au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et des Droits de l’Homme, en sa qualité de Président du Comité de Pilotage de l’organisation du procès des évènements du 28 septembre 2009 », a écrit Me Paul Yomba Kourouma, au nom du collectif des avocats.De son côté, le ministre de la justice n’a pas pour le moment réagi à cette décision. Alphonse Charles Wright avait toutefois indiqué lors d’une conférence de presse, que les dépenses du procès sont jusque-là prises en charge par son département.
« Contrairement à ce que beaucoup soutiennent, je tenais à faire cette précision pour que ce soit compris désormais que le procès des massacres du 28 septembre se fait sur la base de l’effort interne de la Guinée », avait-il déclaré le 17 mai, s’interrogeant sur la volonté des partenaires d’assister la Guinée dans l’organisation de ce procès historique.
« Il y a eu à l’époque beaucoup de rendez-vous ratés. La communauté internationale était souvent déçue parce que, quelque part, on disait toujours que le procès est reporté », avait indiqué le garde sceaux.Selon le ministre, plus de 24 milliards de francs Guinéens ont été déboursés par son département.Suite au boycott des avocats, le procès a été reporté au 5 juin.Le capitaine Moussa Dadis Camara et son aide de camp d’alors Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba et plusieurs autres membres de l’ancienne junte sont poursuivis pour « meurtre, assassinat, viols, pillages, incendies volontaires, vol à main armée, coups et blessures volontaires, torture, enlèvement et séquestration, violence sexuelle, attentat à la pudeur ».
Entendus dans le cadre de ce procès, ils n’ont pas endossé la responsabilité de cette tuerie de masse. Des hommes politiques qui faisaient partie des organisateurs de cette manifestation réprimée dans le sang sont également passés devant le juge Ibrahima Sory Il Tounkara pour donner leur version des faits.
Pensionnaire de la Ligue 2 guinéenne, le club de Manden FC est en deuil. Il a perdu son défenseur central Mamoudou Konaté, décédé des suites d’une courte maladie.
Décès dans le football guinéen. Le club de Manden FC de Ligue 2 a perdu son défenseur central. Mamadou Konaté s’est éteint ce jeudi des suites d’une crise cardiaque.
A l’annonce de son décès, plusieurs instances du football guinéen et des joueurs ont envoyé des messages de condoléances. Au nombre de celles-ci, la Ligue guinéenne de football professionnel. « La LGFP adresse ses condoléances les plus émues à sa famille biologique, au Manden FC et à l’ensemble de la famille du football guinéen. Que son âme repose en paix amen », peut-on lire.
Il faut souligner que le défunt Mamadou Konaté a été enterré dans l’après-midi de ce jeudi dans son village natal de Kouroussa. Quant à son club de Manden FC, il est 9e avec 16 points au terme de la manche aller du championnat.
Elon Musk guinéen. Le rapprochement est rapidement fait entre le patron de Twitter et Mohamed Souaré au regard de la dimension de ses œuvres. « La technologie est un moteur de développement, permettant d’améliorer la productivité, d’ouvrir de nouvelles perspectives et de stimuler l’innovation ». Cette pensée, principale motivation de Mohamed Souaré, est la preuve qu’il sait s’adapter et anticiper.
Après le « Smart désinfectant – Covid-19 », la « Calculatrice N’ko » et Smart School, l’application qui permet de suivre et surveiller le mouvement des élèves en temps réel a l’ école, l’expert développeur et électricien a mis sur le marché, ce 25 mai 2023, le bracelet « Smart Hajj 2.0 ». Il s’agit d’un système de suivi qui permet de guider les pèlerins pendant leur passage à la Mecque à la faveur du pèlerinage musulman ( le Hajj). Il exploite une combinaison de technologies de pointe, telles que le GPS, les codes QR, la connectivité mobile et des algorithmes de traçage sophistiqués.
« Chaque pèlerin est équipé d’un dispositif de suivi discret, léger et facile à porter, qui transmet en continu sa position géographique. De plus, une application mobile est disponible pour suivre tous les mouvements du pèlerin. En cas de perte, il suffit de flasher son code QR pour localiser instantanément son guide en temps réel et afficher l’itinéraire à suivre », a-t-il indiqué. Le projet avait été présenté au secrétaire général de l’Académie Internationale Islamique du Fiqh, Dr Koutoubou Sanho, le 14 mai 2023.
Le bracelet « Smart Hajj 2.0 » coûte moins de 10 000 CFA et est fait à base du nylon et du plastique. Il peut donc résister aux intempéries. Il est fabriqué par la société continental SOFT, spécialisée dans le domaine des applications mobiles : Androids, IOS, Intelligence artificielle et objects connectés dont le patron est Mohamed Souaré.
La presse privée guinéenne a décidé de boycotter les activités du gouvernement de transition après avoir organisé une journée morte le 23 mai pour protester contre la censure dont ils accusent les autorités. Malgré l’intervention du régulateur, la situation reste tendue.
En Guinée, les journalistes de la presse privée ont décidé de maintenir le boycott des activités du gouvernement de transition malgré une rencontre avec la Haute Autorité de la Communication (HAC)/ Le régulateur a rencontré les représentants de la presse privée le mercredi 24 mai 2023.
« Les échanges ont été directs et francs », assure Boubacar Yacine Diallo le président de la HAC. Malgré tout, le régulateur n’a pas convaincu la presse privée de recommencer à couvrir les activités du gouvernement de la transition. « Cette rencontre avec la HAC n’annulera rien de ce qui était prévu comme manifestation », a annoncé Sékou Jamal Pendessa, le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse en Guinée (SPPG).
Le mouvement a déjà annoncé pour le 1er juin prochain une marche pour attirer l’attention sur la situation des médias privés locaux.
Agée de 24 ans, la militante écologiste œuvre pour la résurrection de la forêt de Kakimbo, et plus largement pour la « conscientisation des Guinéens » aux enjeux environnementaux.
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La forêt de Kakimbo suffoque. L’ancien poumon vert de Conakry est nécrosé par l’urbanisation sauvage et massive de la capitale guinéenne. Rongé par la pollution, il n’occupe plus qu’une dizaine d’hectares, soit 10 % de ce qu’il était il y a cinquante ans. Un grand corps malade qu’Oumou Hawa Diallo, 24 ans, veut ranimer.
La militante environnementale nous amène au pied d’un mur de soutènement surplombant le lit quasiment asséché d’un cours d’eau. « Avant, les anciens venaient se baigner là », contemple la jeune femme. Les racines des arbres sont entremêlées à des sacs de plastique charriés, les jours de grandes pluies, par des conduites d’eau qui débordent depuis les quartiers situés au-dessus de la forêt. « C’est un combat permanent que d’essayer de sauvegarder ce qui reste de cet espace », dit-elle.
Les abords du lieu donnent une idée immédiate des dangers qui le menacent. Le quartier de Koloma est un vaste chantier. La Transversale numéro 2 coupe la péninsule dans sa largeur, de l’aéroport international Sékou-Touré, au sud, jusqu’à la corniche nord longeant l’océan Atlantique. Le long de la forêt, les pelleteuses creusent les fondations de la future Assemblée nationale et de quelques ministères.
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Il y a quelques années, une gigantesque ambassade des Etats-Unis a été érigée dans ce voisinage, empiétant sur la forêt. Puis les Chinois ont dressé la résidence hôtelière Weily Kakimbo, deux tours jumelles de 27 étages et 220 appartements « de haut standing », vante le site Internet. Un complexe qui, par une conduite ouverte dans un mur de soutènement, déverse certaines de ses eaux usées et du sable par kilos dans le lit asséché de cette rivière qui autrefois irriguait généreusement la forêt de Kakimbo, désormais moribonde.
Spéculation foncière
« Le président de la transition [le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021] a promis dans ses discours de protéger l’environnement. C’est encourageant, mais restons vigilants », avertit Oumou Hawa Diallo. Il n’est pas simple de juguler la spéculation foncière dans cette ville placée sous une pression démographique intense.
Ce combat pour la résurrection de la forêt, la jeune femme, chargée du développement numérique d’une entreprise présente notamment dans l’écotourisme après un diplôme d’informaticienne, le mène depuis 2018 au sein de l’association Agir contre le réchauffement climatique (Acorec), qu’elle a cofondée. Quand on lui demande ce qui l’a décidée à prendre les armes, Oumou Hawa Diallo plonge dans ses souvenirs d’enfance : « J’ai grandi dans une maison pleine de plantes et de fleurs qu’on traitait comme des bébés, comme des membres de la famille. Et puis au village, on a commencé à voir les effets du réchauffement climatique, les marigots s’assécher, les rivières se tarir. Ça a germé comme ça dans ma tête. »
Le reboisement de la forêt de Kakimbo, théoriquement protégée par son statut de patrimoine national, est ainsi devenu un objectif. Elle et ses amis d’Acorec le mènent en collaboration avec une trentaine de pépiniéristes regroupés en coopérative et travaillant sur le site. Ceux-ci font germer les plants et prennent soin des arbres replantés, notamment dans le cadre d’une opération de sensibilisation intitulée « Un anniversaire, un arbre »,imaginée par l’association et destinée à inciter les Guinéens à planter un arbre les jours de fête. « Partie d’ici, l’opération a diffusé dans d’autres pays et 5 000 arbres ont ainsi été plantés », raconte fièrement la jeune femme.
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C’est une goutte d’eau au regard de l’ampleur du déboisement, mais la militante perçoit ce résultat comme une source d’espoir. « La conscientisation des Guinéens quant à leur responsabilité sur la pollution avance, affirme-t-elle. Il faut arrêter de se voiler la face, de dire que le déboisement, l’érosion des sols, les inondations, tout ça ce sont des trucs de Blancs, ou alors que c’est Dieu qui l’a voulu, mais que ce n’est pas nous… »
Pour convaincre, Oumou Hawa Diallo va prêcher la bonne parole dans les écoles, les collèges et les lycées. « Il faut parvenir à faire de chaque enfant un ambassadeur du climat dans sa propre famille », explique-t-elle. L’un des projets d’Acorec pour 2023 est ainsi de créer un « club climatique » réunissant des universitaires chargés de sensibiliser et de former les étudiants sur l’urgence de réduire la consommation de charbon de bois dans les foyers, une des sources principales du déboisement (le gouvernement a promis de subventionner le gaz butane pour en permettre l’utilisation par le plus grand nombre), et sur la nécessité de recycler les déchets ménagers…
« Le plastique tue »
« Il faut faire quelque chose, Conakry étouffe, lance-t-elle. Vous en doutez ? Suivez-moi ! » Pas besoin de beaucoup s’éloigner de la forêt de Kakimbo. A cinq minutes en taxi-moto de l’ancien poumon vert s’élève une colline artificielle et subrepticement létale, constituée de déchets stratifiés au fil des ans. Voilà la décharge de Dar-es-Salam, l’un des quartiers de Ratoma, une commune de Conakry.
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De jour comme de nuit, des camions-poubelles cahotent sur les sentiers insalubres pour déposer là, sur plusieurs hectares, les détritus des quelque 2 millions d’habitants de la capitale. Des créatures que l’on dirait sorties des entrailles de la terre brûlent des pneus à longueur de journée pour en récupérer les armatures métalliques puis les fondre. Plus loin, des enfants trient des bouteilles en plastique.
« Parfois la nuit, quand la décharge brûle, on dirait un volcan », raconte Oumou Hawa Diallo en se bouchant le nez. Un volcan fétide dont les vapeurs, au gré des vents dominants portés par l’océan qui borde la presqu’île de Conakry, empoisonnent bien au-delà des quartiers jouxtant la décharge. Son déménagement et la construction d’un nouveau centre d’enfouissement moderne, en partie financés par l’Agence française de développement (AFD), sont prévus. « Mais pas avant cinq ans », confie un expert. Les jus toxiques des déchets bourrés de métaux lourds et de bactéries continueront de ruisseler dans les nappes phréatiques et jusqu’à l’océan.
« Il arriveque des pans de la colline s’effondrent sous la violence des pluies tropicales, rapporte Oumou Hawa Diallo. Il y a des glissements de terrain, des gens ensevelis sous les ordures. »« Le plastique ne meurt pas, il tue », lâche-t-elle, pensive, depuis le sommet de cette montagne d’immondices.
Début mai, la jeune femme se rendait à Dakar. Membre de l’initiative « Jeunes voix du Sahel sur le changement climatique » de l’Unicef, elle participait à la sixième édition du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire. « Elle travaille pour gagner sa vie, elle milite, elle se démultiplie, elle est partout », dit, admirative, une de ses connaissances au sein de l’agence onusienne. Oumou Hawa Diallo s’en amuse. Pas le temps de se reposer. « A Dakar, on partagera nos expériences, nos connaissances. C’est l’opportunité de réseauter, de créer des projets communs pour sauver la planète. Il faut y aller », expliquait-elle avant son départ. Y aller pour poursuivre son combat, sans relâche.
“Trois sentiments dominent les Guinéens : la lassitude, la déception et le dégoût face au parjure de Mamadi Doumbouya”, a déclaré Nadia Nahman, porte-parole de Cellou Diallo, chef du principal parti d’opposition, l’UFDG, à Al Jazeera. « [Doumbouya] a prêté serment comme président de la transition et s’est engagé à « consolider les acquis démocratiques » tout en engageant la Guinée dans ses « engagements nationaux et internationaux » mais il a trahi tous ses engagements avec la répression sanglante des manifestations pacifiques », a-t-elle ajouté
Les manifestations anti-gouvernementales prennent de l’ampleur en Guinée alors que les frustrations à l’égard du gouvernement militaire intérimaire augmentent.
Avec l’odeur âcre des pneus brûlés qui flottent dans l’air, la résidente de Conakry, Mariame Diallo, a pointé du doigt des éclaboussures de sang sur un mur où, selon elle, son frère adolescent a été abattu à bout portant lors d’une manifestation dans la capitale contre le gouvernement militaire guinéen le 11 mai.
« Je ne pardonnerai jamais à ceux qui l’ont tué », a-t-elle dit entre deux crises de larmes silencieuses.
Serrant dans ses bras un sac de vêtements imbibés de sang qu’elle espère servir à une enquête policière qui n’a pas encore commencé, elle a rappelé comment son frère apprenti, Boubacar, craignant les manifestations antigouvernementales, est resté chez lui, pour être abattu par police devant la maison familiale.
Un porte-parole du gouvernement guinéen n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Boubacar était l’une des sept personnes tuées ce jour-là dans ce pays d’Afrique de l’Ouest alors que les manifestations anti-gouvernementales et les affrontements violents avec les forces de sécurité prennent de l’ampleur face aux frustrations des chefs militaires qui supervisent le retour promis à la démocratie.
La fumée qui s’échappe des pneus en feu et d’autres débris est devenue monnaie courante dans la capitale, Conakry, depuis que la hausse des prix du carburant a déclenché la première grande manifestation contre le gouvernement militaire en juin dernier.
De nombreuses autres manifestations ont suivi. Au moins 32 personnes ont été blessées lors des troubles ce mois-ci, et l’armée a été déployée pour réprimer les manifestations prévues dans la capitale la semaine dernière.
Il s’agissait de la dernière répression alors que la colère monte contre les gouvernements militaires qui ont pris le pouvoir lors d’une série de coups d’État dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre depuis 2020, avec des frustrations croissantes face à la lenteur d’un retour prévu à la règle constitutionnelle.
Les autorités de transition au Burkina Faso et au Mali sont également devenues de plus en plus hostiles envers les critiques qui ont souligné leur incapacité à protéger les citoyens contre les groupes armés – un facteur qui a contribué à stimuler les coups d’État militaires.
En Guinée, les partis politiques d’opposition avaient d’abord accueilli avec prudence le coup d’État de septembre 2021 qui a destitué le président de longue date Alpha Condé, qui a suscité la colère pour avoir modifié la constitution afin de lui permettre de briguer un troisième mandat.
Mais les relations avec le chef du gouvernement par intérim, le colonel Mamady Doumbouya, se sont détériorées après que les principaux partis d’opposition ont rejeté une transition de 36 mois vers les élections approuvée par le parlement par intérim en mai dernier.
Mais les relations avec le chef du gouvernement par intérim, le colonel Mamady Doumbouya, se sont détériorées après que les principaux partis d’opposition ont rejeté une transition de 36 mois vers les élections approuvée par le parlement par intérim en mai dernier.
« Nous prévoyons de respecter tous les délais », a déclaré le porte-parole guinéen Ousmane Gaoual Diallo.
Cela n’a pas réussi à apaiser les partis d’opposition.
« Trois sentiments dominent les Guinéens : la lassitude, la déception et le dégoût face au parjure de Mamadi Doumbouya », a déclaré Nadia Nahman, porte-parole de Cellou Diallo, chef du principal parti d’opposition, l’UFDG, à Al Jazeera.
« [Doumbouya] a prêté serment comme président de la transition et s’est engagé à « consolider les acquis démocratiques » tout en engageant la Guinée dans ses « engagements nationaux et internationaux » mais il a trahi tous ses engagements avec la répression sanglante des manifestations pacifiques », a-t-elle ajouté. .
Diallo a fui le pays vers le Sénégal l’année dernière après que les autorités l’ont accusé de corruption.
La semaine dernière, des foules en colère se sont rassemblées autour des parents et amis en deuil des personnes tuées lors des derniers troubles. Beaucoup pleuraient et brandissaient des photos de leurs proches sur leurs téléphones.
Depuis quelques jours, la presse guinéenne fait l’objet de restrictions imputées aux autorités.
Après la mise en garde de la semaine dernière, la presse privée de Guinée passe à la vitesse supérieure dans ce qui s’apparente à un bras de fer avec les militaires au pouvoir.
Dans une déclaration conjointe dont APA a reçu copie, les organisations professionnelles et du syndicat de la presse ont décidé de déclarer à partir de ce lundi 22 mai 2023, le ministre Ousmane Gaoual Diallo, ministre des postes et télécommunications, porte-parole du Gouvernement « ennemi de la presse Guinéenne ».
« Tout média qu’il soit une radio, une télévision ou un site internet qui, avec des propos qui sont de nature à saper l’unité nationale, à attiser la haine communautaire, à soulever les uns contre les autres pour conduire à des drames dans notre pays, nous n’hésiterons pas à fermer le média et à en assumer toutes les responsabilités », avait déclaré ce membre du gouvernement de la transition le jeudi dernier.
En plus de cette résolution, les organisations professionnelles de la presse annoncent le boycott à partir de ce jour 22 mai, de toutes les activités du gouvernement et les autres organes de la Transition jusqu’à la levée de toutes les restrictions.
Une Journée sans presse a été également annoncée pour le mardi 23 mai, de 5h à 00h sur toute l’étendue du territoire national.
Les professionnels de l’informations ont aussi annoncé le boycott de la Semaine Nationale des Métiers de l’Information et de la Communication (SENAMIC), une initiative de leur département de tutelle.
Dans ce bras de fer avec l’Etat,il est prévu d’ « informer et d’interpeller les Ambassades, la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’Homme et la HAC sur les menaces qui pèsent sur la presse guinéenne ».
Les acteurs des médias comptent également organiser une marche de protestation jeudi 1 juin sur toute l’étendue du territoire national.
Par ailleurs, les organisations professionnelles de la presse se réservent le droit d’entreprendre des actions plus vigoureuses si le Gouvernement ne restitue pas immédiatement les émetteurs d’AfricVision, ne cesse pas le brouillage des ondes et ne débloque pas les sites et les réseaux sociaux.
Depuis le 17 mai, des actions de restriction sont constatées contre la presse en Guinée. Il ya eu d’abord le démantèlement par effraction des émetteurs du Groupe de presse AfricVision, au brouillage des ondes des radios FIM FM et Djoma FM, la restriction des sites d’informations guinéens et des réseaux sociaux. A cela, s’ajoutent les menaces proférées contre la presse par le ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo.