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Guinée : le CNRD réaffirme son soutien total à Mamadi Doumbouya

Malgré certaines critiques émanent d’une partie de la classe politique et la société civile, le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya, compte encore des soutiens de poids.

A l’occasion de la présentation des vœux du nouvel an, les membres du Comité national du Rassemblement pour le Développement (CNRD) ont réitéré leur soutien au colonel Mamadi Doumbouya dans son projet de refondation et rectification institutionnelle de la Guinée.

« En ce début d’année 2023, nous voudrions vous réitérer une fois de plus, notre soutien et notre détermination totale de continuer à travailler à vos côtés pour la poursuite des différentes initiatives, dans le cadre de votre vision de rassemblement, de refondation de l’Etat, de rectification institutionnelle, de redressement et de repositionnement de notre pays la Guinée » a déclaré la a porte-parole du CNRD, Colonel Aminata Diallo.

De son côté, le Président du Conseil national de la transition, l’organe législatif, a réitéré les mêmes vœux. « Cette cérémonie est l’occasion pour les institutions, les organes de la Transition et les forces vives de la Nation de formuler des vœux d’unité nationale, mais surtout d’audace et de persévérance pour concevoir et mener à terme les vastes projets de la transition » a indiqué Dansa Kourouma.

Arrivé au pouvoir le 05 septembre 2021 à la suite d’un coup d’Etat militaire contre l’ancien président de la République Alpha Condé, Mamadi Doumbouya a entrepris plusieurs chantiers dont la refondation de l’Etat, la rectification institutionnelle, la moralisation de l’administration publique guinéenne pour ne citer que ceux-là.

Des initiatives, par endroit, qui valent au président de la junte guinéenne des critiques chez certains acteurs politiques et mêmes de la société civile. L’interdiction des manifestations jusqu’à nouvel ordre, la récupération des domaines de l’Etat, les restrictions des libertés de certaines voix discordantes, sont autant d’actions qui ne se passent sans réaction chez certains observateurs. Ces derniers soupçonnent l’homme de fort de Conakry de vouloir manipuler la justice afin de s’éterniser au pouvoir.

ASD/cgd/APA

APA-Conakry

MALI: LA JUNTE AU POUVOIR “EXIGE” DE MACRON D’EN FINIR AVEC “SA POSTURE NÉOCOLONIALE” ET “CONDESCENDANTE”

Jeudi, en Guinée-Bissau, Emmanuel Macron avait estimé que la responsabilité des Etats ouest-africains était d’oeuvrer pour que “le peuple malien puisse (…) exprimer sa souveraineté populaire” et “bâtir le cadre de stabilité” permettant de “lutter efficacement contre les groupes terroristes”.

La junte au pouvoir au Mali a “exigé” dimanche du président français Emmanuel Macron qu’il en finisse avec “sa posture néo-coloniale” et taise ses critiques contre l’armée malienne, l’accusant d’attiser les haines ethniques.

“Le gouvernement de transition exige du président Macron d’abandonner définitivement sa posture néo-coloniale, paternaliste et condescendante pour comprendre que nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens”, a déclaré à la télévision publique le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.

Il réagissait aux propos tenus jeudi à Bissau par Emmanuel Macron. Évoquant le Mali, confronté à une grave crise sécuritaire et théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2020 et 2021, Emmanuel Macron avait estimé que la responsabilité des Etats ouest-africains était d’oeuvrer pour que “le peuple malien puisse (…) exprimer sa souveraineté populaire” et “bâtir le cadre de stabilité” permettant de “lutter efficacement contre les groupes terroristes”.

“Puisque force est de constater que les choix faits par la junte malienne aujourd’hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme, ça n’est d’ailleurs plus leur objectif et c’est ce qui a présidé à notre choix de quitter le sol malien”, avait-il ajouté.

La force française Barkhane est en train de plier bagages au Mali. Bamako de son côté a toujours réfuté avoir fait appel au groupe paramilitaire russe Wagner, présent au Mali sur une “base commerciale” selon la Russie.

“Accusations erronées”

Dimanche soir, Abdoulaye Maïga a aussi critiqué des “accusations erronées” de la part d’Emmanuel Macron “malgré les démentis” du Mali. Bamako a également condamné “avec la dernière rigueur” les propos “haineux et diffamatoires” du président Macron alertant sur les exactions imputées à l’armée malienne contre des membres de la communauté peul lors de récentes opérations.

L’armée malienne et les paramilitaires russes ont été notamment accusés de s’être livrés à un massacre de civils dans la localité de Moura (centre) où, selon l’ONG Human Rights Watch, quelque 300 civils auraient été exécutés fin mars.

Ces “accusations graves” d’Emmanuel Macron sont de nature à “susciter la haine ethnique” au Mali où, reconnait Bamako, “ces dernières années le tissu social a été dégradé à cause des conflits communautaires”. “Il est important que le président Macron se remémore constamment le rôle négatif et la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda”, a dit le porte-parole Maïga.

Les relations entre Paris et Bamako se sont fortement dégradées depuis un an. Après neuf ans de présence militaire au Mali, via l’opération Serval puis Barkhane, la France a été poussée vers la sortie par les autorités militaires maliennes, six mois après l’arrivée des paramilitaires du groupe Wagner.

A.S. avec AFP

Sanctions contre le Mali : la Guinée solidaire de son voisin

Fin octobre, à la suite des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) contre le Mali, puis la Guinée, où sont intervenus des putschs militaires, nous nous interrogions sur la naissance éventuelle d’un nouvel axe du « nationalisme africain d’autodétermination » impulsé par les deux pays voisins. Avec les sanctions infligées par l’organisation régionale à la suite du sommet extraordinaire du 9 janvier 2022 à Accra (Ghana), notamment les lourdes sanctions jugées « disproportionnées » infligées contre Bamako, et la réaction « nationaliste » et « ferme » des autorités maliennes soutenues par la Guinée, nos interrogations semblent de plus en plus se confirmer.

La Guinée qui se trouve dans la même situation, membre de la Cédéao, n’entend pas lâcher son voisin. Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya l’a fait savoir sans détour ce lundi 10 janvier. « Les frontières terrestres, aériennes et maritimes de la Guinée resteront ouvertes au Mali », ont en substance annoncé ce jour les autorités guinéennes. Le pays n’ayant pas été associé aux décisions prises à Accra.

La Cédéao a-t-elle omis ce détail ? La Guinée, malgré son statut de pays membre de l’organisation sous-régionale, et étant suspendue de ses instances, n’a logiquement pas été associée aux décisions finales du sommet extraordinaire du 9 janvier sur le Mali et par conséquent, ne se sent nullement engagée par les sanctions prises par contre son voisin. Mais qu’on se le tienne pour fait, le Mali et la Guinée sont dirigés respectivement par les colonels Goïta et Doumbouya. Deux dirigeants qui sont dans une logique de fermeté intransigeante par rapport aux conditions de la transition dans leurs pays respectifs, soutenus en cela par leurs peuples.

Par ailleurs, beaucoup d’observateurs s’interrogent encore sur cette avalanche de sanctions qui s’est déferlée sur le Mali et l’opportunité de mettre en branle toutes ces batteries de mesures politiques et économiques contraignantes qui concourent plus à asphyxier l’économie malienne et par ricochet, à provoquer une nouvelle crise sociopolitique et économique, qu’à accompagner diplomatiquement le pays pour une transition pacifique réussie. Le Mali est-il entrain de payer son rapprochement militaire avec la Russie avec en toile de fond les accusations de collaboration avec les mercenaires russes de Wagner ? La question mérite tout son pesant d’or.

L’on assiste peut-être au début du déclin du leadership de la Cédéao, les chefs d’État ayant résolument pris le risque de conforter l’opinion publique africaine sur son sentiment anti-Cédéao, renforcé par ses prises de décisions qui l’ont fait plus passer pour une Cédéao des chefs d’État qui agit pour les intérêts des puissances occidentales, « impérialistes », que celle des peuples africains qu’elle est censée défendre. Quelle que soit l’issue de ce bras de fer Mali-Guinée vs Cédéao, elle fera tâche d’huile et représentera un antécédent jugé dangereux pour la crédibilité et l’avenir des organisations sous-régionales et régionales en Afrique.

La Guinée et le Mali qui incarnent irrémédiablement ce nouvel ordre africain, à travers l’impulsion d’un nationalisme d’autodétermination des peuples africains, tiendront-ils jusqu’au bout le rapport de force ?

par FinancialAfrik